Exercice d’application corrigé sur le commentaire de texte par Mr Badji

Application sur le commentaire de texte
Pour faire cette application, nous avons choisi le texte de la composition harmonisée de français 2019 du deuxième semestre ; terminales L : L’1 & L2.
Sujet : Commentaire de texte
Texte :
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à 2 heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J’ai pris l’autobus à 2 heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beau de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n’a qu’une mère. » Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi.
Albert Camus, L’Etranger, Gallimard, 1942. PP.9-10.
Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre du commentaire suivi montrez d’une part l’annonce de la nouvelle de Meursault de la mort de sa mère et d’autre part les préparatifs pour le départ à l’asile. Pour le commentaire composé étudiez son insouciance ; son étrangeté devant la situation et comment il décrit avec tant de légèreté son attitude.
NB : Je ferai de ce texte un commentaire suivi
Pour réussir cette étude, nous procèderons par étape pour détailler les caractéristiques du texte. Un travail préliminaire de déconstruction nous permettra de voir trois étapes essentielles :
1e étape : découvrir le texte, par des observations et des analyses, des interprétations…
Observons le paratexte (il s’agit d’Albert Camus, L’Etranger, Gallimard, 1942, pp.9-10)
Lisons pour apprécier le sens général, le mouvement, la tonalité : par un narrateur intradiégétique (système d’énonciation du discours « Je », « Cela, c’ », adverbe de temps : « aujourd’hui, hier, demain » ; temps verbaux : présent de l’indicatif, passé composé et futur etc. Tous ces éléments concourent placer le discours dans une perspective d’actualité, d’actualiser l’indifférence du personnage-narrateur ; le texte présente deux mouvements : l’insensibilité du narrateur, et sa solidarité qui désolidarise progressivement. Dès, on note une contradiction du personnage, une confrontation… ; une tonalité lyrique, tragique qui le caractérise…
Dégageons les faits de langue : les phrases sont courtes « Aujourd’hui maman est morte. » ; « il faisait chaud. » ; des phrases sans verbe conjugué : « Enterrement demain », « sentiments distingués », « Mère décédée » ; des phrases à la forme négatives ou qui exprimes des incertitudes : « Ou peut-être hier, je ne sais pas », « Cela ne veut rien dire », « c’est peut-être hier », « il n’a pas répondu », « Ce n’est pas ma faute », « je n’avais pas à m’excuser », « « c’est un peu si maman n’était pas morte.. » etc.
les champs lexicaux : du temps : « Aujourd’hui, hier, 2 heures, après-midi, veiller, demain, soir, après, quand, deux jours, pour le moment… » : nous avons un tel réel qui place ce texte dans un contexte de réalité des faits, mais aussi le temps évoque la rapidité des actions en cours ; de deuil : « morte », « décédée », « Enterrement » ; « condoléances », « deuil », « une cravate noire », « un brassard », a perdu »,
Des procèdes expressifs : répétitions de « Je », du temps …
Des connecteurs logiques d’opposition ou de conclusion : « Mais, au contraire, Mais, En somme… » : expriment des sentiments contradictions, des confrontations, des différents points de vue…
Les figures de style : comparaison : « J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. » ; antithèse : « Mais il le fera sans doute après-demain, quand je me verrai en deuil » ; énumération : « cette hâte ; cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me assoupi. »
Une comparaison de situation : Je=Meursault vs Emmanuel : ce rapprochement est probablement une manière de voir les contractions frappantes des deux personnages.
La prédominance des verbes au futur simple.
2e étape : la rédaction des réponses d’observation et d’analyse
Exemples :
Réponse aux questions d’observation : Identifiez dans ce texte des connecteurs logiques. Justifiez votre réponse.
Réponse : les connecteurs logiques apparaissent dans les lignes 6, 7 et 8. C’est des connecteurs d’opposition et de conclusion. On dit qu’il y a connecteur, parce qu’il permet de relier le texte, de faire ressortir son ossature. Ici les connecteurs d’opposition font ressortir des sentiments de contradiction, de confrontation entre Meursault et son patron.
Réponse aux questions d’analyse : Etudiez le champ lexical du temps. Il faut commencer par relever le champ lexical du temps dans le texte « « Aujourd’hui », « hier », « 2 heures », « après-midi », « veiller », « demain », « soir », « après », « quand », « deux jours », « pour le moment… »
1e partie : le temps permet d’actualiser le discours en le donnant une dimension réelle ;
2e partie : le temps permet la rapidité des actions en cours ;
3e partie : le temps permet de symboliser l’indifférence et l’insensibilité du personnage devant les faits.
Ainsi, chaque partie à ce niveau doit apporter une démonstration à l’aide des citations précises. Le plan présente un approfondissent progressif de la question traitée. La synthèse rapide, rappelle clairement le lien entre le point de départ (la question posée) et le point d’arrivée (la réponse apportée).
Nous rappelons à tout un chacun que cette analyse de déconstruction ne peut pas être exhaustive et entièrement objective, car il y a plus de commentateurs qu’un commentaire.
3e étape : la rédaction finale du commentaire de texte
NB : dans votre copie de commentaire, il est formellement interdit de mentionner introduction, développement, et conclusion)
Introduction
L’angoisse existentielle face à la tragédie du monde, les confrontations de l’homme contre le monde qui l’entoure et à la prise avec son destin constituent des sources d’inspiration pour les auteurs existentiels et ceux de l’absurde. Ainsi, des surréalistes en passant par des existentiels et du théâtre de l’absurde, la thématique de la condition humaine face à un monde dérisoire n’est pas en reste chez Camus. Ainsi, romancier, dramaturge et essayiste, Camus n’échappe pas à la tradition lorsqu’il présente avec un ton lyrique, dans son incipit romanesque, extrait de son roman L’Etranger, un personnage insensible, mais consciemment lucide devant la mort sa mère. Ainsi, dans la perspective d’un commentaire suivi, nous scinderons ce texte en deux mouvements : de « Aujourd’hui … » jusqu’à « …une allure plus officielle », portera comme titre l’annonce de la nouvelle de la mort de sa mère d’une part et d’autre part de « j’ai pris l’autobus à 2 heures… » Jusqu’à la fin « …, que je me suis assoupi », il s’agira des préparatifs pour le départ à l’asile.
Développement 
Dès l’entame du texte, le narrateur intradiégétique adopte un point de vue interne pour mieux annoncer la situation tragique à laquelle il se trouve confronter. Ainsi, en usant des phrases très courtes « Aujourd’hui maman est morte », « Ou peut-être demain » scandées par des éléments de la ponctuation forte, le narrateur s’attribue alors un sentiment d’indifférence. D’ailleurs, une telle insouciance se lit à travers l’absence du pronom possessif «  (« ma ») maman est morte » pouvant marquer ainsi son attachement affectif. Au-delà de cette indifférence à l’égard de sa lignée matrimoniale, Meursault donne une appréhension absurde à la mort qu’il considère comme un phénomène éphémère. Aussi, pour mieux faire ressortir ce caractère dérisoire du monde qui l’entoure, le personnage- narrateur évoque la mort de manière brève et succincte, et en témoigne l’emploi successif des phrases nominales sans verbe conjugué « Mère décédée. », « Enterrement demain », « sentiments distingués ». Ces phrases particulières apportent une justification effective sur l’indifférence totale de Meursault. Ainsi, il faut souligner par de-là que cette épreuve de la mort est symbole, car elle permet de confronter sans conteste l’idéologie révoltante du personnage face à la réalité sociale qui prévalait. Une telle réalité des faits sociaux trouve son expression à travers l’utilisation effective et réplétive du système d’énonciation surtout avec le pronom personnel « Je » qui renvoie au narrateur qui parle à la première personne. Par conséquent, ce texte est beaucoup plus proche du discours narratif qu’au récit narratif
Par ailleurs, la réalité des actions est actualisée grâce à l’emploi significatif du champ lexical du temps «« Aujourd’hui, hier, 2 heures, après-midi, veiller, demain, soir, après, quand, deux jours, pour le moment… Ainsi, la temporalité évoque non seulement la rapidité des faits, mais aussi elle relate l’indifférence qui se lit à travers le personnage de Meursault. Il utilise le temps comme un moyen de critique contre les habitudes humaines face à la tragédie du monde. Ici, le personnage montre toute sa lucidité en dénonçant le caractère dédaigneux de son patron. C’est la raison pour laquelle, il use des connecteurs d’opposition à la ligne 7 « Mais » et ligne 8 « Mais ». Alors, une telle confrontation est à prendre comme une dimension absurde, car le personnage est toujours en déphasage contre les conventions sociales comme le respect de la hiérarchie sociale dans le travail. D’ailleurs pour s’en convaincre, nous pouvons lire, à travers la première partie du texte, l’emploi des phrases à la forme négative scandée par des phrases d’oppositions « Mais il n’avait pas l’air content », « Il n’a pas répondu », « En somme, je n’avais pas à m’excuser ». A travers ces expressions, il faut voir la confrontation du personnage contre le monde déraisonnable qui l’entoure. Au-delà de cette appréhension, il faut voir ici, toute la philosophie absurde de Camus qui présente son personnage principal comme différent des autres. D’ailleurs, c’est tout l’intérêt de cette dernière phrase « Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout revêtu une allure plus officielle ». Le personnage de Meursault a, tout à fait, compris le sens de la vie, car il a bien conscience que ce monde n’est qu’éphémère, qu’il se présente comme un étranger, mais, alors, pourquoi se donnait tant de peines tout en sachant qu’un jour ou l’autre la mort arrivera.
En somme, à travers la thématique de la mort, le narrateur nous a tenus un discours réaliste qui évoque sa condition à la prise avec son destin dans ce monde contradictoire. Ainsi, en employant des procédés littéraires (notamment champ lexical du temps), linguistiques (système d’énonciations verbale et pronominale), Camus présente bien sa philosophie de l’absurde. Toutefois, cette philosophie est beaucoup plus manifeste à travers les préparatifs de son personnage pour son départ à l’asile.
NB : Pour la deuxième partie, vous la retrouverez certainement après. Ainsi, pour mieux comprendre, il suffit de s’inspirer de la première partie traitée.
Conclusion
En définitive, Albert Camus a su exploiter de manière originale la thématique de l’absurdité de la vie en annonçant la mort de la maman de son héros principal d’une part et de ses préparatifs d’autre part. Cette situation se caractérise par la confrontation de ce dernier face à un monde qui nage totalement à contrecourant. Ainsi, le lecteur peut se délecter de cette relation indissociable entre les procédés d’écriture (champs lexicaux, phrases courtes à la forme négative, des figures de style etc.) et les thématiques de l’absurde, de l’étrangeté et de l’insouciance. Ce texte trouve sa place dans le monde littéraire d’autant plus qu’il est comparable aux textes théâtraux d’Eugène Ionesco, et de Samuel Beckett.
NB : « le partage est un appel humain, mais l’appropriation du travail d’autrui est un acte coupable » M. Badji
M. BADJI, Professeur de Lettres Modernes
Au Lycée DIOUDE DIABE
IA SAINT-LOUIS
Contacts: WhatsApp: 772570417
Email: ba*************@ya***.fr
Savoir pour mieux servir

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