Le Commentaire du texte de Kant sur le philosophe-roi

Texte :

On ne doit pas s’attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n’est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d’après des lois d’égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s’exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d’être accusée de propagande.

E. Kant

Platon croyait à un leadership moral et politique du philosophe : par leur exemplarité les philosophes sont plus habilités à diriger les hommes. C’est précisément cette position de Platon sur la place de leader des philosophes dans la société qui est ici contestée par Kant. Dans ce texte, Kant soulève le problème du rapport de la philosophie à la politique et plus précisément au pouvoir politique. Pour lui, l’exercice du pouvoir est incompatible avec la philosophie et inversement. Ce point de vue est développé à travers deux arguments. Le premier explique que la gouvernance des philosophes est non seulement impossible, mais ce n’est pas souhaitable. Le deuxième argument semble relativiser le premier en montrant pourquoi les philosophes devraient être protégés dans la société. Ces deux arguments suscitent d’ailleurs d’autres problèmes : la pratique de la philosophie ne sera-t-elle pas un moyen de moraliser la politique ? Les arguments sur l’incompatibilité entre exercice du pouvoir et philosophie ne relèvent-ils pas d’un simple préjugé ?

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