Révision des courants littéraires Q.C.M corrigé sur la Négritude

CORRECTION DE L’EXERCICE DE
Q.C.M. sur LA NÉGRITUDE

1. DANS QUEL CONTINENT LE MOUVEMENT DE LA NÉGRITUDE A-T-IL PRIS NAISSANCE ?
☆ en Europe
Pour mieux légitimer sa politique expansionniste aux yeux de l’opinion publique internationale et donner à la colonisation un visage ou une mission pacificatrice et civilisatrice, le gouvernement français attribuait des bourses aux bacheliers indigènes les plus méritants afin qu’ils aillent poursuivre des études supérieures en France. C’est ainsi que le hasard qui, parfois, fait bien les choses réunit ces intellectuels négro-africains au même endroit et au même moment : en France, à Paris.
Auparavant, un vent de rumeur venu des États-Unis d’Amérique et selon lequel des hommes se battent pour les droits civiques privés aux Noirs (la Negro-Renaissance) traversa l’Atlantique et n’entra pas dans l’oreille d’un sourd… Ces intellectuels se firent donc l’écho de ce combat qui met l’homme noir au centre de l’actualité pour une place respectueuse dans le concert des nations. Voila comment le mouvement de la Négritude a vu le jour.

2. PARMI CES ECRIVAINS DE LA NÉGRITUDE, QUI EST L’AUTEUR DE PIGMENTS (1937) ?
☆ Léon Gontran Damas
Ce recueil de poèmes fut censurée en 1939 avec, comme motif, atteinte à la sûreté de l’État. Dans l’œuvre, le poète jazzifie ses vers, échappe aux calculs, aux complaisances et montre comment l’école coloniale promeut une partie de la jeunesse colonisée afin de l’assimiler et d’en faire la future élite destinée à encadrer les populations des colonies, c’est-à-dire des auxiliaires aux ordres des fonctionnaires blancs au sein des administrations imperiales afro-carribéennes. Bien que sa mère le voyant comme un Blanc, ce métisse s’est toujours senti nègre jusqu’à la moelle des os, comme en témoigne un célèbre poème intitule “Hoquet”. C’est justement cette acculturation qu’il refuse à ses congénères avec qui il partage la même race.

3. PARMI CES ŒUVRES, QUELLE EST CELLE QUI FIT SCANDALE AU POINT D’ÊTRE CENSURÉE MALGRÉ LE PRIX GONCOURT REMPORTÉ ?
☆ Batouala
En 1921, malgré les risques encourus (perte de bourse, rapatriement, censure, licenciement, etc.), René Maran se révolte courageusement. La publication de son œuvre phare intitulée Batouala, sous-titré véritable roman nègre fait scandale dans la métropole. Administrateur des colonies dans l’Oubangui Chari, (actuelle Centrafrique), l’auteur observe les malversations, la surexploitation d’ouvriers et d’agriculteurs, l’hypocrisie de l’administration qui a une mainmise autoritaire, arbitraire et même sanguinaire sur la population autochtone, et puis narrativise son sort misérable. L’œuvre sera recompensée du prix Goncourt mais elle sera vite censurée et son auteur tout bonnement licencié mais c’était déja une porte ouverte montrant par la même occasion la voie aux intellectuels négro-africains.

4. DANS QUEL CÉLÈBRE QUARTIER PARISIEN LES INTELLECTUELS NÉGRO-AFRICAINS SE RETROUVAIENT-ILS ?
☆ au Quartier Latin
Osons le dire : si Paris est surnommée la “ville lumière”, le Quartier Latin en est certainement un des faisceaux les plus lumineux. Cet endroit catalyse à lui tout seul des cafés, des librairies (Shakespeare and company), le jardin des Plantes, l’université de Sorbonne, le Musée Nationale d’Histoire Naturelle, le majestueux édifice du Panthéon qui abrite les dépouilles de personnalités illustres… C’était également l’endroit choisi par ces jeunes sorbonnards négro-africains pour y parler culture, science, littérature et surtout mouvement de révolte. Le Quartier Latin peut donc être considéré comme le berceau de la Négritude.

5. POUR MONTRER LEUR UNITÉ ET NE PAS S’EXPOSER À DES SANCTIONS INDIVIDUELLES ARBITRAIRES, DERRIÈRE QUELLE SUBTERFUGE LES INTELLECTUELS NÉGRO-AFRICAINS S’EXPRIMAIENT-ILS ?
☆ la création de revues
On appelle « revue » la parution périodique, une coproduction d’articles d’un ouvrage de référence. Deux raisons peuvent justifier ce choix des étudiants négro-africains : éviter la censure et démontrer au monde entier que l’Afrique parle d’une seule et même voix. Parmi les plus célèbres, on doit citer Légitime Defense, L’Étudiant Noir, La Revue du Monde Noir et Présence Africaine (1947). Sous la direction d’Alioune Diop, cette dernière revue offrit à l’intellectuel noir le privilège d’avoir sa propre revue ainsi qu’une maison d’édition en son nom.

6. QUEL EST L’ÉVÈNEMENT HISTORIQUE LIÉ À L’ACTUALITÉ ET QUI JUSTIFIE L’ENGAGEMENT DES ÉCRIVAINS NÉGRO-AFRICAINS ?
☆ la colonisation
La traite négrière date de longtemps ; c’est l’évènement historique pendant lequel on apportait moins (de la pacotille, des armes, de la boisson alcoolisée…) pour emporter beaucoup plus : de la ressource humaine. La colonisation, quant à elle qui était plus d’actualité, avait tout l’air d’en être la réplique légèrement modifiée, la prolongation sous des dehors humanistes : on apportait moins (les découvertes scientifiques et techniques) pour emporter beaucoup plus : des ressources naturelles.
Par voie de fait, s’il a fallu plus de trois siècles d’épuration raciale ainsi que près d’un siècle de servitude, de liberté confisquée, il n’aura fallu à la Négritude que près de quarante ans (de 1921 à 1960) pour libérer l’Afrique du joug colonial par une littérature contestataire qui est allée jusqu’à faire réduire la littérature négro-africaine, pour beaucoup et à tort, à l’engagement. Cela se comprend parce que la révolte de la plupart des écrivains négro-africains promouvait le retrait définitif des colons par une acquisition totale des indépendances.
À leurs yeux, l’Europe n’était pas tellement l’amie de l’Afrique. Il s’agit d’un jeu de mots mnémotechniques car le « a », c’est l’alphabétisation ; le « m », c’est la médicalisation ; le « i », c’est l’industrialisation ; le « e », c’est l’évangélisation. Ainsi, malgré ces gros mots, malgré la construction respectivement d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures et d’églises, « à coups de gueule de civilisation, à coup d’eau bénite sur les fronts domestiqués », pour emprunter l’expression à David Diop (« Les Vautours », Coups de pilon, 1954), ces écrivains démontèrent aussi bien la fallacieuse théorie de la tabula rasa que cette « amitié » qui ne disait pas vraiment son nom.

7. QUI EST L’AUTEUR DE ”MINERAI NOIR” ?
☆ René Maran
Il est Haitien et l’auteur d’un recueil intitulé Minerai noir (1956) dont le plus célèbre poème porte le même titre. Ce poète y dresse l’historique de la mainmise occidentale sur les peuples dits primitifs. Il commence par la surexplotation des Indiens d’Amérique (Quand la sueur de l’Indien se trouva brusquement tarie) ; ils mourraient comme des mouches. Il poursuit par le changement de cap (On se tourna vers le fleuve musculaire de l’Afrique) ; ceux-là paraissaient beaucoup plus robustes et résistants. Enfin, il parle dans le détail du pillage de l’Afrique (Peuple dévalisé, peuple de fond en comble retourné comme une terre en labours / Peuple défriché pour l’enrichissement des grandes foires du monde). Néanmoins, une note d’espoir parachève le poème et point à l’horizon d’un futur radieux (nul n’osera plus couler des canons et des pieces d’or / Dans le noir métal de ta colère en crues). Il est bon de faire connaissance avec des auteurs moins célèbres pour mieux voir la variété de la tonalité, de l’inspiration et du style qui n’est pas homogène.

8. QUELS SONT LES PREMIERS MOTS DE CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL ?
☆ Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache.
Le flic, c’est certes celui qui fait régner l’ordre mais, dans un sens péjoratif, mais il est aussi celui qui use ou abuse de la violence pour y parvenir. Et la vache ? Demandez pourquoi éleveurs et cultivateurs sont souvent en conflit dans le monde rural. C’est parce que cet animal piétine souvent les plantations et en pillant la récolte. C’est à croire que Césaire ne voit dans la traite négrière et dans le système colonial que désastre réuni autour de ces deux mots : violence et pillage. C’est pourquoi dès les premiers mots de son long poème qui est une mátphore d’un long cri de révolte longtemps comprimé, il ordonne au Blanc de s’en aller. D’ailleurs, n’est-ce pas lui-même qui disait : “le Malheur de l’Afrique, c’est d’avoir rencontré la France” ?

9. POURQUOI DES OCCIDENTAUX CONSIDÉRAIENT-ILS LA CIVILISATION AFRICAINE COMME BARBARE OU INEXISTANTE ?
☆ l’absence de documents écrits.
Ce n’est plus un secret de Polichinelle si on affirme que la civilisation africaine est typiquement orale. Elle a son histoire mais au lieu d’être écrite, elle se transmettait de génération en génération par la voix des anciens en général, des griots en particulier. C’est d’ailleurs toute la raison pour laquelle Amadou Hampathé Bâ disait : « en Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque aui brûle”. Il appartenait donc aux écrivains de s’adonner à une vaste entreprise artistique de réhabilitation des figures historiques africaines. En même temps que les dramaturges africains, poètes et romanciers africains ont chanté le prestige, l’humanisme et le patriotisme de ces princes que les Occidentaux qualifiaient, à des desseins colonialistes, de roitelets sanguinaires. Djibril Tamsir Niane l’a bien démontré aussi bien dans le prologue, le récit et même au choix de la couleur de la première de couverture de la toute première édition parue aux éditions Présence Africaine. Le vieillard avec sa kora, c’est le griot ; la couleur rose est à rapprocher à la langue comme organe et comme moyen de communication pour symboliser l’étonnante civilisation orale africaine scellée, authentique et inaltérable renfermée dans le corps d’un griot. Il faudrait donc que l’entreprise coloniale arrête de penser que toute civilisation différente de la sienne est barbare, rétrograde ou inexistante.

10. QUI SENGHOR CÉLÈBRE-T-IL DANS SON RECUEIL ”HOSTIES NOIRES” ?
☆ les tirailleurs sénégalais
L’auteur est ici à écouter d’une part comme un frère d’arme puisqu’il avait lui-même était enrôlé lors du conflit mondial pour participer à l’effort de guerre. D’ailleurs il y parle de l’expérience douloureuse des camps de concentration lors de son emprisonnement par le régime nazi. D’autre part, il faut le lire comme un membre à part entière de la communauté africaine dont les enfants, des chairs à canon, ont été jeté en pâture pour une guerre qui ne les concernait même pas directement. Sans oublier son expérience douloureuse de cette guerre, l’essentiel de ce deuxième recueil de l’enfant prodigue, le fils de Joal l’ombreuse, publié en 1948, leur est consacré pour célébrer leur bravoure ; loin d’être gratuite, leur mort sur le champ de bataille est comparée par Senghor à celle de Jésus qui a offert son corps et son sang pour sauver l’humanité.
C’est d’ailleurs ce qui justifie le choix du titre et ce pourquoi il s’indigne contre le mépris de l’administration coloniale à l’égard de ces vaillants hommes. En effet, de même que l’hostie rappelle le sacrifice du Christ pour le salut de l’humanité, les soldats africains sont des “hosties noires” sacrifiées pour qu’advienne un monde meilleur où les races se tendront la main. Enfin, son éducation chrétienne aidant, il prône le pardon, la préservation de ce trait d’union historique entre monde occidental et peuple africain, car sa théorie de la “civilisation de l’universel” bâtie sur la paix et la fraternité ne peut prospérer que si on met un trait à la haine, à la vengeance, au ressentiment.
Justement, lui emboîtant le pas, c’est là où je voudrais terminer : le discours haineux en commentaire est vraiment à éviter car il n’en vaut pas la peine. Merci d’avance pour votre aimable compréhension !

Issa Laye Diaw
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