Cours de Philosophie : « Individu et Société » Par le Pr Songué Diouf

Dès qu’on s’interroge sur les rapports qui peuvent lier individu et société, on est amené à penser ces relations en termes de cause et d’effet et à voir dans l’individu et dans la société deux objets en soi, deux réalités séparées. Or une telle séparation est impraticable, aussi bien au niveau du fait qu’au niveau du concept.

Au niveau du fait, puisqu’il n’est pas d’individu humain dont l’individualité ne renverrait pas à la culture dans laquelle il s’inscrit et que, inversement, on voit mal ce que seraient les institutions sociales en dehors des individus qui les actualisent, qui les effectuent. Il en est de même au niveau du concept, puisqu’un tel réalisme mènerait la réflexion à des impasses, celle du sociologisme ou celle du psychologisme : soit qu’on parte de la société et qu’on échoue à retrouver l’individu sinon sous la forme d’un fantôme, reflet mécanique de la société et de ses institutions ; soit qu’on parte de l’individu et qu’on voie s’évanouir la réalité sociale, réduite à n’être que le milieu des comportements de l’individu, les significations procédant en dernière analyse de celui-ci. La difficulté du problème – son impossibilité peut-être – tient à ce qu’il s’agit de comprendre deux symbolismes (non pas deux réalités) qui sont à la fois inséparables et irréductibles l’une à l’autre.

On peut résumer la question des rapports entre l’individu et la société de la façon suivante : « Comment un homme est-il à la fois différent de tous les autres hommes, semblable à certains hommes et semblable à tous les hommes ? » Ce qui en fait la complexité est la façon dont se noueraient les déterminations biologiques et les déterminations culturelles dans la singularité d’une existence, quand bien même il serait possible de définir clairement la spécificité de chacun des ordres impliqués.

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