Sujet : Pour Camus, l’absurde est le sentiment qui « naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».
Consigne : Discutez cette affirmation en montrant, d’abord, que la littérature exprime l’absurdité de la vie, le désespoir ; l’angoisse existentielle ; ensuite, qu’elle peut être un moyen de divertissement et enfin vous démontrez qu’elle est avant tout un travail esthétique.
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🖋️ Introduction
Le XXe siècle a été marqué par des bouleversements majeurs qui ont profondément ébranlé la pensée humaine : deux guerres mondiales, des génocides, l’avènement des totalitarismes, et une perte progressive de repères spirituels. Ces événements ont fait naître un sentiment d’absurde, d’incompréhension face à un monde devenu silencieux et incohérent. C’est dans cette optique qu’Albert Camus, figure majeure de la littérature de l’absurde, écrit que ce sentiment naît de « la confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».
Dès lors, la littérature, qui traduit les préoccupations de l’homme, ne peut rester muette face à l’absurdité de l’existence. Est-elle alors uniquement un moyen d’exprimer le désespoir et l’angoisse existentielle ? Ne peut-elle pas aussi servir de remède, de divertissement ou encore d’espace de création artistique ?
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps comment la littérature exprime la condition humaine et l’absurdité de la vie, avant de montrer qu’elle peut également être un moyen de consolation et de distraction, et enfin, qu’elle constitue avant tout une œuvre esthétique, une quête de beauté et de sens.
🧠 I – La littérature comme expression de l’absurdité de la vie et de l’angoisse existentielle
L’écrivain, témoin de son époque, est souvent celui qui porte la voix des opprimés, révèle les maux de la société et donne un sens à ce qui paraît insensé. Dans un monde absurde, où les valeurs s’effondrent, la littérature engagée devient un outil de dénonciation et de réflexion.
Tout d’abord, elle permet de diagnostiquer les dysfonctionnements sociaux, politiques et moraux. Dans L’Étranger de Camus, Meursault incarne l’absurde à travers son indifférence au monde et sa condamnation pour un crime commis sans mobile. Ce personnage met en lumière l’injustice d’une société qui juge moins l’acte que l’homme qui ne joue pas le jeu social.
Ensuite, des auteurs comme Jean-Paul Sartre ou Simone de Beauvoir se sont engagés dans une littérature qui appelle à la responsabilité humaine, malgré l’absurdité du monde. L’être humain, bien que jeté dans une existence sans fondement, doit agir et s’affirmer. Sartre affirme ainsi que l’écrivain doit « faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s’en puisse dire innocent ».
Enfin, Camus lui-même voit dans l’art une tentative de compréhension du monde, une forme de révolte contre l’absurde. Dans La Peste, les habitants de la ville s’unissent face à un fléau incompréhensible : la solidarité devient alors une réponse humaine à un mal déraisonnable.
En somme, la littérature engagée, en exprimant l’angoisse existentielle et le sentiment d’absurde, remplit une mission morale et sociale essentielle.
🎭 II – La littérature comme moyen de consolation et de divertissement
Si la littérature peut traduire la détresse humaine, elle offre aussi un refuge, une échappatoire, une forme de thérapie face à l’angoisse du réel.
D’une part, elle permet d’échapper temporairement à la dureté du monde par l’imaginaire. Les récits de fiction, les contes, les romans d’aventure ou de science-fiction projettent le lecteur dans des univers alternatifs. Le voyage littéraire devient ainsi un moyen de prendre de la distance avec la réalité.
D’autre part, elle permet aussi de mieux comprendre d’autres cultures, d’autres époques, d’élargir sa vision du monde. À travers des œuvres comme celles de Gabriel García Márquez ou de Haruki Murakami, le lecteur est immergé dans des mondes à la fois étranges et familiers, qui interrogent le sens de l’existence tout en offrant du plaisir.
La lecture devient alors un acte libérateur. Comme le dit Marcel Proust dans Le Temps retrouvé, « la lecture, au lieu de nous faire fuir la vie, doit nous y préparer ». Elle console sans nier la souffrance, elle distrait sans être futile.
Ainsi, face à un monde déraisonnable, la littérature joue aussi un rôle cathartique : elle soulage, apaise, soigne.
🎨 III – La littérature comme œuvre esthétique : l’art pour donner du sens
Au-delà de l’expression de l’absurde et de la consolation qu’elle peut offrir, la littérature est avant tout un art, une recherche de beauté, de forme, de langage.
Premièrement, chaque écrivain développe un style personnel, une esthétique singulière qui transcende le simple message. L’œuvre devient alors une expérimentation formelle. L’exemple de Samuel Beckett dans En attendant Godot est parlant : à travers un langage dépouillé, des silences et des répétitions, il exprime l’absurde sans jamais le nommer.
Deuxièmement, la littérature participe à la création d’un goût esthétique commun. Elle éduque le lecteur, forme son sens critique, éveille sa sensibilité. Lire Baudelaire, Rimbaud ou Senghor, c’est aussi apprendre à ressentir la beauté dans le chaos.
L’œuvre littéraire, même lorsqu’elle parle de souffrance, tend vers une forme de transcendance par l’art. Comme le disait Camus dans L’Homme révolté, « l’art, au sens profond, est une protestation contre l’absurde ». Il transforme le non-sens en langage, le désespoir en création.
Par conséquent, la littérature n’est pas seulement un miroir du monde, mais une tentative de le réinventer, de lui donner une forme, une signification, une beauté.
✅ Conclusion
En définitive, la littérature, dans sa confrontation au monde absurde, n’a pas une fonction unique. Elle est à la fois un cri de révolte contre l’injustice, une consolation dans l’épreuve, et une recherche esthétique profonde. À travers elle, l’écrivain tente de comprendre, de témoigner, de consoler, mais aussi de créer.
Comme le suggère Camus, le rôle de l’écrivain est de ne pas céder au nihilisme, mais de poursuivre obstinément la quête de sens dans un monde qui en semble dépourvu. Ainsi, la littérature, en dépit du silence déraisonnable du monde, demeure ce lieu de parole, de beauté et d’humanité.
Machaalah mais c’est un peu long quand même
C’est très bien je peux avoir votre numéro de téléphone?