En français, il n’est pas rare de trouver des mots dont l’orthographe prend différentes formes. Ces différentes manières d’écrire le même mot est souvent le fruit d’une lente évolution de l’usage, faisant accepter peu à peu une graphie concurrente à l’originelle.
Plus récemment, la réforme de l’orthographe de 1990 propose également de nouvelles graphies pour certains mots. Voici une série d’exemples les plus notoires de ces mots français qui ont différentes orthographes.
1. Clé ou clef ?

Selon les experts, « clé » est la forme plus moderne de « clef ». Selon Buben en 1935, le pluriel « clefs » serait progressivement devenu « clés » du fait que l’apposition d’un « f » et d’un « s » gênait à l’écrit. À partir du pluriel « clés », il est ainsi peu à peu accepté d’écrire « clé » au singulier…
Règle : On peut écrire les deux : « clé » ou « clef », sans différence de sens.
Selon les experts, « clé » est la forme plus moderne de « clef ». Selon Buben en 1935, le pluriel « clefs » serait progressivement devenu « clés » du fait que l’apposition d’un « f » et d’un « s » gênait à l’écrit. À partir du pluriel « clés », il est ainsi peu à peu accepté d’écrire « clé » au singulier.
2. « cacahuète », « cacahouète » ou « cacahouette » ?

La plupart des dictionnaires acceptent à la fois « cacahuète » et « cacahouète ». Le Petit Robert et le Larousse acceptent également l’orthographe « cacahouette »…
On écrit « cacahuète », « cacahouète » ou « cacahouette » ?
Règle : La plupart des dictionnaires acceptent à la fois « cacahuète » et « cacahouète ». Le Petit Robert et le Larousse acceptent également l’orthographe « cacahouette ». Vous pouvez donc utiliser les trois formes sans craindre de vous tromper !
Le mot français apparaît au XIXème siècle et vient de la langue mexicaine nahuatl : cacahuatl. Ensuite, l’espagnol s’en empare avec la colonisation et le mot devient cacaguate puis cacahuate. Le français s’inspire de cette forme espagnole et la change en « cacahuète/cacahouète/cacahouette ».
Définition « cacahouète/cacahouète/cacahouette » (source) : Fruit de l’arachide se présentant sous la forme d’une gousse et renfermant deux ou trois graines que l’on consomme grillées.
3. « cuillère » ou « cuiller » ?

Le mot apparaît au XIème siècle et est d’abord masculin. Il vient du latin cochlearium qui est lui-même dérivé de cochlear signifiant « instrument pointu pour manger les escargots ». À partir du XIVème siècle, on trouve le mot « cuillere » qui devient plus tard « cuillère »…
Règle : Les deux orthographes sont acceptées : « cuillère » ou « cuiller ».
Le mot apparaît au XIème siècle et est d’abord masculin. Il vient du latin cochlearium qui est lui-même dérivé de cochlear signifiant « instrument pointu pour manger les escargots ».
À partir du XIVème siècle, on trouve le mot « cuillere » qui devient plus tard « cuillère » : le terme cuillier disparait en 1762 du dictionnaire de l’Académie français et cuillère apparait en 1798. La féminisation du mot est peut être due au latin médiéval cochlearis qui est féminin. Désormais « cuillère » est de plus en plus utilisé car cette orthographe simplifie la prononciation.
4. « île » ou « isle » ?

La nouvelle graphie « île » serait apparue au XVIIIème siècle, le i circonflexe remplaçant le « is ». Depuis le XIXème siècle, la forme « isle » est désormais de moins en moins utilisée. On la retrouve cependant dans certains noms propres…
Règle : Les deux orthographes sont acceptées : « île » ou « isle ».
La forme « isle » est cependant plus ancienne. La nouvelle graphie « île » serait apparue au XVIIIe siècle, le -i circonflexe remplaçant le -is. Depuis le XIXe siècle, la forme « isle » est de moins en moins utilisée. On la retrouve cependant dans certains noms propres comme au Québec : L’Isle-aux-Grues, L’Isle-aux-Coudres et L’Isle-Maligne ; et en France : L’Isle-Adam, L’Isle-d’Abeau, L’Isle-Jourdain et L’Isle-sur-la-Sorgue.
Les propositions de la réforme de l’orthographe de 1990 incitent à utiliser la forme moderne et de ne pas s’encombrer de l’accent. On peut donc aussi écrire « ile ».
Définition (source) : Étendue de terre entièrement entourée d’eau, émergeant dans un océan, une mer, un lac ou un cours d’eau.
L’analyse des occurrences des deux formes montre clairement la prépondérance d’usage de la forme « île » face à celle, plus ancienne, de « isle » :
5. « granit » ou « granite » ?

Bien que de nombreux dictionnaires ne font pas de différence de sens entre « granit » et « granite », certains experts du domaine évoquent une légère différence de sens. Ainsi, « granite » désigne la roche qui porte son nom. En revanche, « granit » serait un terme commercial pour désigner un ensemble de roches…
Règle : on peut écrire « granit » sans -e ou « granite » avec -e, c’est la même chose.
Bien que de nombreux dictionnaires ne font pas de différence de sens entre « granit » et « granite », certains experts du domaine évoquent une légère différence de sens. Ainsi, « granite » désigne la roche qui porte son nom. En revanche, « granit » serait un terme commercial pour désigner un ensemble de roches non poreuses, imperméables, grenues et cohérentes. En dehors des spécificités techniques d’experts, la plupart des gens utilisent les deux formes pour désigner la roche « granite ».
Définition (source) : Roche éruptive dure, d’aspect granuleux et de teinte variable, composée de feldspath, de mica et de quartz
6. « oignon » ou « ognon » ?

On écrit « ognon » sans « i » depuis peu. La réforme de l’orthographe de 1990 accepte cette nouvelle orthographe pour suivre des évolutions similaires d’autres mots français…
Règle : on peut écrire « oignon » ou « ognon », c’est la même chose. Cependant, on écrit « ognon » sans -i depuis peu. La réforme de l’orthographe de 1990 accepte cette nouvelle orthographe pour suivre des évolutions similaires d’autres mots français : « besoigne » devient « besogne », « montaigne » devient « montagne », « campaigne » devient « campagne », « aigneau » devient « agneau » etc.
L’Académie française rappelle la lente évolution de l’orthographe de ce mot. « Oignon » est issu du latin unionem, dérivé de unito qui désigne l’unité, sûrement en référence au fait que la plante de l’oignon n’a qu’un tubercule. Au XIIe siècle le mot est dit « unniun » puis devient au XIIIe siècle « oingnun » pour finalement s’écrire « oignon » au XIVe siècle.
Le dictionnaire de l’Académie française hésite toutefois sur l’orthographe du mot. Ainsi, en 1798, il propose « ognon » sans -i alors qu’en 1835 et 1878, il proposait les deux formes. Aujourd’hui, « oignon » et « ognon » sont acceptés.
Définition (source) : Plante potagère de la famille des Liliacées, dont la racine bulbeuse, constituée de nombreuses couches enveloppées les unes dans les autres, est couverte d’une ou de plusieurs fines pellicules de couleur blanche, jaune ou rouge.
L’analyse des occurrences des deux termes dans les oeuvres littéraires montre que « oignon » garde les faveurs des écrivains. Toutefois, la réforme récente de l’orthographe pourrait rendre plus populaire l’orthographe « ognon » :
8. « saoul » ou « soûl » ?

Le mot vient du latin satullus, de satur (« rassasié ») et s’est peu à peu changé en « saoul » au XVIIème siècle. À partir du XVIIIème siècle on retrouve des occurences de « soûl »…
Règle : on peut écrire « saoul » ou « soûl », les deux formes sont justes.
Le mot vient du latin satullus, de satur (« rassasié ») et s’est peu à peu changé en « saoul » au XVIIe siècle. À partir du XVIIIe siècle on retrouve des occurrences de « soûl ».
La réforme de l’orthographe de 1990 propose d’enlever l’accent circonflexe et incite donc à écrire « soul ». Cette réforme n’est qu’une recommandation, on peut donc toujours écrire « saoul » ou « soûl ».
À noter qu’au féminin, le mot s’accorde en genre et en nombre, donc on ajoutera un -e : « saoule » ou « soûle ».
Définition (source) : Qui a mangé ou bu à satiété, qui est complètement rassasié, repu. Synonymes : aviné, pompette, ivre, bourré etc.
On peut aussi dire que quelque chose vous « saoul/soûl », dans ce cas, cela signifie : être dégoûté, fatigué de quelque chose ou de quelqu’un.
L’analyse des occurrences des deux termes dans les oeuvres littéraires montre que l’ancienne forme « saoul » garde les faveurs des écrivains. Toutefois, la réforme récente de l’orthographe pourrait rendre plus populaire l’orthographe « soul », jugée plus simple :
9. « fainéant » ou « feignant » ?

« Feignant » est le participe présent du verbe feindre. Du fait que sa prononciation est similaire à celle de « fainéant », le mot a peu à peu pris le sens de ce dernier. « Fainéant » se serait formé à partir de la contraction entre « fait » (faire) et « néant » : ne rien faire…
Règle : on peut écrire les deux : « fainéant » ou « feignant ».
« Feignant » est le participe présent du verbe feindre, qui désigne à l’origine quelqu’un qui fait semblant de mettre du cœur à l’ouvrage. Du fait que sa prononciation est similaire à celle de « fainéant », le mot a peu à peu pris le sens de ce dernier. Cette graphie, bien que plus ancienne que « fainéant », est jugée être d’un usage plus populaire.
« Fainéant » se serait formé à partir de la contraction entre « fait » (faire) et « néant » : ne rien faire. Historiquement on parle des « rois fainéants » pour désigner les derniers rois mérovingiens qui ont abandonné l’exercice du pouvoir et leurs charges aux maires du palais.
10. « resurgir » ou « ressurgir » ?

Selon le dictionnaire de l’Académie française, on peut écrire les deux : « resurgir » (avec un « s ») et « ressurgir » (avec deux « s »). « Resurgir/ressurgir » vient du latin resurgere qui signifie « se relever »…
Règle : selon le dictionnaire de l’Académie française, on peut écrire les deux : « resurgir » (avec un -s) et « ressurgir » (avec deux -s).
Resurgir/ressurgir vient du latin resurgere qui signifie « se relever ».
Définition : Surgir à nouveau, réapparaître plus ou moins brusquement.
Présent du verbe resurgir (avec un -s)
- je resurgis
- tu resurgis
- il resurgit
- nous resurgissons
- vous resurgissez
- ils resurgissent
Présent du verbe ressurgir (avec deux -s)
- je ressurgis
- tu ressurgis
- il ressurgit
- nous ressurgissons
- vous ressurgissez
- ils ressurgissent
11. « ailloli » ou « aïoli » ?

Le mot vient du provencal aiòli et s’est transformé en « aïoli » selon Mistral en 1879. Une graphie concurrente est une francisation du mot qui cherche à préserver l’origine provençale de son orthographe tout en soulignant la construction entre « ail » et « oli » (huile) : « ailloli ».