Sénégal : défaillances d’un système éducatif et des procédures d’orientation

L’orientation scolaire et professionnelle est une question particulièrement importante aujourd’hui, en tant qu’elle détermine fortement l’avenir d’une insertion professionnelle réussie sur le marché du travail devenu de plus en plus difficile et compliqué au Sénégal. Malheureusement, Les acteurs ne l’ont pas bien compris puisqu’ils ne s’intéressent pas du tout, à l’orientation des enfants. Aujourd’hui, la situation est plus que préoccupante puisque le système de l’orientation révèle un certain nombre d’inégalités et de dysfonctionnements.

Orientation scolaire

Plusieurs contestations populaires (grèves étudiantes, manifestations des professionnels de l’éducation…), rapports et propos officiels récents interpellent une orientation scolaire et professionnelle qui fonctionnerait mal, minée par des défaillances plurielles. Parmi les témoins à charge se retrouvent pêle-mêle l’afflux de jeunes vers des filières qui manquent de débouchés alors que d’autres – (bâtiment, restauration, informatique, Gaz et pétrole) – manqueraient de candidats, l’absence de projet réaliste, la méconnaissance des réalités professionnelles, les sorties de nombreux jeunes du système scolaire sans qualification ou encore sans diplôme…

De même, l’orientation scolaire souffre d’une mauvaise image, elle est souvent perçue comme un ensemble de règles et de procédures visant à limiter les choix des élèves et des familles, privilégiant une logique gestionnaire de contrôle et de planification des flux d’élèves dans le système éducatif.

 

L’idéal d’une orientation négociée – élèves, parents d’une part, et professeurs et équipes pédagogiques d’autre part, est aujourd’hui perçu comme illusoire dans son ensemble.

Ces considérations sont plus prégnantes lorsqu’il s’agit d’orienter des élèves en difficulté scolaire, les élèves poursuivant dans les voies générales n’étant pas à proprement parler « orientés ».Plus inquiétant encore, les procédures d’orientation actuelles constitueraient un catalyseur des inégalités socio-économiques existantes de fait au sein de la Société et à fortiori au sein de l’Ecole, et un générateur de nouvelles « inégalités scolaires » fragilisant les plus « démunis » du système.

Tous – parents, élèves, enseignants, conseillers d’orientation, Etat… – s’accordent pour décrire un constat alarmant et des défaillances du système éducatif et des procédures d’orientation actuelles et pour trouver des solutions imminentes.

Autrement dit, comment accroître les connaissances et l’information sur les choix et débouchés professionnels ? Comment faire en sorte que l’orientation soit un processus actif et non un état subi ? Comment soutenir plus particulièrement les plus démunis ? Quelle place accorder aux entreprises ? Quel rôle attribuer aux familles dans le processus d’orientation ?

Il apparaît nécessaire, dans un premier temps, de faire un état des lieux du système d’orientation tel qu’il fonctionne actuellement et d’analyser ses dysfonctionnements. Puis seront développées les différentes postures envisagées, parfois controversées, pour moderniser et corriger les défaillances de ce système

 

Etat des Lieux :

 

L’évolution des pratiques d’orientation à celle de l’Ecole ; elles se sont enrichies au fur et à mesure que le système éducatif s’est complexifié (création de filières, séries, spécialités…). Aujourd’hui, ces pratiques s’appuient en général sur trois éléments

Une logique de répartition et de sélection (streaming) sur la base des résultats scolaires. Elle est mise en œuvre pour l’essentiel durant la formation secondaire, du CI au baccalauréat et demeure malgré les réformes un dispositif relativement contraint (décision du Conseil de classe). À l’inverse, l’accès en premier cycle d’enseignement supérieur après obtention du baccalauréat est dans une certaine mesure plus libre MAIS ASSEZ COMPLIQUEE : En effet, 30 % de la population scolaire entrent dans l’enseignement supérieur sur sélection [Classes préparatoires, Instituts et écoles de formation, filières spécialisées, Grandes Ecoles d’Etat], les 70 % restants accèdent assez librement dans l’enseignement supérieur en fonction des difficultés perçues, du discours des enseignants plus ou moins dissuasif.

Une logique de conseil (counseling) qui consiste à aider et accompagner l’élève dans ses démarches d’orientation et d’insertion, à résoudre des problèmes personnels (entretiens individuels, tests d’aptitude…). Les pratiques de conseil ont évolué vers un accompagnement en continu (création de nouveaux outils comme les CAOSP, dédiés à l’information et à l’orientation scolaire et professionnelle.

Des pratiques éducatives (guidance) ayant pour objectifs de formuler et d’objectiver des choix de métier ou de carrière (construction de projet professionnel avec aménagement de temps scolaires dédiés, module de découverte des métiers…)

Les défaillances

Les dysfonctionnements se cristallisent autour de trois constats :

La quasi-absence d’une politique d’orientation nationale précise et claire,  la complexité du système d’orientation (multiplicité des acteurs) et le constat que les réformes engagées restent inachevées. Ces dysfonctionnements ont eu pour principale conséquence de créer de fortes disparités locales dans les pratiques de l’orientation, aussi bien sur le plan de l’organisation des dispositifs d’orientation, des types d’acteurs, des modalités de financement que sur le plan des qualifications des professionnels, des types d’actions conduites ou encore des publics ciblés.

De nombreux rapports officiels aussi le soulèvent le manque de cohérence  et de coordination des services, la faiblesse des partenariats, le déficit d’évaluation, le manque de visibilité des services pour l’usager, l’absence d’outils efficaces.

Samabac.com

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