TEXTE 1
Le pays des Diallobé n’était pas le seul qu’une grande clameur eût réveillé un matin. Tout le continent noir avait eu son matin de clameur.
Etrange aube ! Le matin de l’Occident en Afrique noire fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries brillantes. Ceux qui n’avaient point d’histoire rencontraient ceux qui portaient le monde sur leurs épaules.
Ce fut un matin de gésine. Le monde connu s’enrichissait d’une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang.
Cheikh Hamidou KANE, L’aventure ambiguë, Editions Julliard, 1961, p 64.
QUESTIONS
1 – Donnez le sens des mots suivants : constellé – gésine.
Donnez ensuite un mot de la même famille pour chacun de ces mots. (03 points)
2 – Etrange aube !
Identifiez ce type de phrase. (02 points)
3 – Identifiez le champ lexical dominant de ce texte et relevez les termes qui le constituent.
(04 points)
4 – Quelle est la phrase du texte qui résume le mieux l’action coloniale ?
Justifiez votre réponse. (03 points)
5 – Identifiez la figure de style et justifiez son emploi :
« Ceux qui portaient le monde sur leurs épaules ». (03 points)
6 – Analyse : Donnez la fonction de :
– sourires (constellé de) (01,5 points)
– ceux qui n’avaient point d’histoire (01,5 points)
7 « Le pays des Diallobés n’était pas le seul qu’une grande clameur eût réveillé un matin.»
Indiquez le temps et le mode du verbe souligné. Justifiez leur emploi. (02 points)
CORRIGÉ
1 – Donnez le sens des mots suivants : constellé – gésine.
Donnez ensuite un mot de la même famille pour chacun de ces mots.
Constellé : couvert
Mot de la même famille : constellation
Gésine : accouchement d’une femme (le mot peut alors faire penser à une grande douleur)
Mot de la même famille : gésir
2 – Etrange aube !
Identifiez ce type de phrase.
C’est une phrase nominale. On peut aussi accepter la phrase exclamative
3 – Identifiez le champ lexical dominant de ce texte et relevez les termes qui le constituent.
C’est le chant lexical de la souffrance formé des expressions « coups de canon », « gésine », « boue », « sang »
4 – Quelle est la phrase du texte qui résume le mieux l’action coloniale ? Justifiez votre réponse.
C’est la phrase « Le matin de l’Occident en Afrique noire fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries brillantes ». En effet, l’action coloniale a d’abord été les cadeaux, ces fameuses « pacotilles » qu’on offrait aux populations autochtones pour les tromper ; ce fut ensuite la violence avec les armes de la conquête.
5 – Identifiez la figure de style et justifiez son emploi :
« Ceux qui portaient le monde sur leurs épaules ».
La figure de style employée dans cette phrase est l’hyperbole ; elle traduit la puissance des colonisateurs qui ont réussi à conquérir le monde entier.
6 – Analyse : Donnez la fonction de :
– sourires (constellé de)
– ceux qui n’avaient point d’histoire
sourires : complément de l’adjectif « constellé ».
ceux qui n’avaient point d’histoire : sujet du verbe « rencontrer ».
7 – « Le pays des Diallobés n’était pas le seul qu’une grande clameur eût réveillé un matin.»
Indiquez le temps et le mode du verbe souligné. Justifiez leur emploi.
eût réveillé : plus-que-parfait du subjonctif
Son emploi est justifié par la concordance des temps : le verbe de la proposition principale est à l’imparfait de l’indicatif.
TEXTE 2
Au fil des semaines, la chambre s’était remplie d’ouvrages aux titres parfois énigmatiques, pour ne pas dire inquiétants. Khadidja prétendait faire des recherches sur la tradition orale, sur les techniques du conte africain et sur toutes ces choses qui normalement n’intéressent que les érudits. Elle dévorait aussi les livres sur les légendes et les mythes de peuples presque oubliés d’Europe et des Amériques. Cela m’avait ainsi frappé d’apprendre que, dans certaines circonstances rigoureusement codifiées, telle tribu amazonienne procédait à la mise à mort du conteur dès la fin de son histoire. C’était un peu pour la victime une apothéose tragique, le couronnement d’une carrière de narrateur bien remplie.
Seuls ceux qui avaient la passion authentique de leur art osaient raconter certaine histoire fameuse dont la fin serait, inévitablement, leur propre destruction. On arrachait au supplicié son coeur, considéré par les gens de cette tribu comme le siège de l’imaginaire, et l’offrait, encore vif et palpitant, au brave qui accepterait de prendre la relève. A présent, ajoutait Khadidja sur un ton désabusé, les traditions se perdaient et les jeunes d’Amazonie avaient tendance, comme partout ailleurs, à se détourner de ce fatal métier de conteur.
Boubacar Boris DIOP, Le cavalier et son ombre, NEI, Abidjan, 1999, pp 63-64.
QUESTIONS
1. Quelles sont les exigences du projet de recherches de Khadidja ? Justifiez votre réponse. (02 pts)
2. Indiquez les sentiments du narrateur vis-à-vis de Khadidja. (03 pts)
3. « Elle dévorait des livres. » Identifiez la figure de style employée. (02 pts)
4. Proposez un homonyme de «tribu ». Employez le mot trouvé dans une phrase. (03 pts)
5. Donnez un antonyme de « érudit » et de « passion ». (02 pts)
6. Faites l’analyse logique de la quatrième phrase : (03 pts)
« Cela m’avait ainsi frappé d’apprendre —- histoire »
7. Donnez la fonction des mots : inquiétants – au brave – Khadidja (ajoutait Khadidja). (03 pts)
8. Identifiez le style employé dans la dernière phrase du texte. (02 pts)
CORRIGÉ
1. Quelles sont les exigences du projet de recherches de Khadidja ? Justifiez votre réponse.
Khadija doit se documenter et pour cela elle doit beaucoup lire. Ainsi, comme le souligne le narrateur, les livres s’accumulaient dans leur chambre et elle passait tout son temps à lire : « Au fil des semaines, la chambre s’était remplie d’ouvrages », « Elle dévorait aussi les livres… »
2. Indiquez les sentiments du narrateur vis-à-vis de Khadidja.
Le narrateur est inquiet face à cette attitude de Khadija ; ce qui l’inquiète, ce sont aussi les lectures et le projet de recherche de la fille : « ouvrages…aux titres parfois énigmatiques, pour ne pas dire inquiétants. Khadidja prétendait faire des recherches sur la tradition orale, sur les techniques du conte africain et sur toutes ces choses qui normalement n’intéressent que les érudits ».
3. « Elle dévorait des livres. » Identifiez la figure de style employée.
La figure de style employée ici est l’exagération ou hyperbole.
4. Proposez un homonyme de « tribu ». Employez le mot trouvé dans une phrase.
Homonyme du mot : tribut
«Dans le passé, les royaumes vassaux payaient des tributs aux empires dont ils dépendaient.»
5. Donnez un antonyme de « érudit » et de « passion ».
Antonymes de « érudit » : ignare, illettré, inculte, aversion…
Antonyme de « passion » : haine, indifférence…
6. Faites l’analyse logique de la quatrième phrase :
« Cela m’avait ainsi frappé d’apprendre que, dans certaines circonstances rigoureusement codifiées, telle tribu amazonienne procédait à la mise à mort du conteur dès la fin de son histoire. »
– Cela m’avait ainsi frappé d’apprendre : proposition principale
– que, dans certaines circonstances rigoureusement codifiées, telle tribu amazonienne procédait à la mise à mort du conteur dès la fin de son histoire : Proposition subordonnée complétive – introduite par la conjonction de subordination « que » – complément d’objet direct du verbe « apprendre ».
7. Donnez la fonction des mots : inquiétants – au brave – Khadidja (ajoutait Khadidja).
Inquiétants : épithète détachée
Au brave : complément d’objet indirect
Khadidja : sujet du verbe « ajouter »
8. Identifiez le style employé dans la dernière phrase du texte.
C’est le style indirect qui est employé dans la dernière phrase
TEXTE 3
Le ciel est, par-dessus le toit
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu ! la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
Qu’as-tu fait, O toi que voilà,
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine, Sagesse (1880).
QUESTIONS
1. Où se trouve le poète ? Justifiez votre réponse par des indices précis tirés du texte. (04 points)
2. Quels sont les sentiments qui animent le poète ? Justifiez votre réponse. (04 points)
3. Relevez les sonorités dominantes dans les deux premières strophes.
En quoi participent-elles à l’expression des sentiments du poète ? (04 points)
4. Indiquez le nombre de syllabes dans les vers 1 et 2.
Quel effet de versification avez-vous entre les vers 5 et 6 ? (04 points)
5. Donnez la fonction de : (04 points)
– bleu (vers 2) ;
– qu’on voit (vers 5).
CORRIGÉ
1. Où se trouve le poète ? Justifiez votre réponse par des indices précis tirés du texte.
Il faut d’abord préciser que l’auteur, Paul Verlaine, a été condamné à deux ans de prison. Le voici en cellule qui médite dans la solitude à Bruxelles avant son transfert à Mons.
Le regard du narrateur bute constamment sur des obstacles, le toit, l’arbre même s’il s’efforce de les contourner en levant les yeux ou en faisant appel à son interprétation (« cette rumeur vient de la ville »). L’horizon figé suppose donc un immobilisme forcé du poète. C’est une vision restrictive qui procède par plans successifs et s’accroche aux détails, le toit et non les maisons, la palme et non la branche. L’alternance des articles définis et indéfinis le ciel, un arbre, la cloche, un oiseau reproduit le va et vient d’un regard qui passe du concret à l’abstrait (« le ciel », « la cloche », « la rumeur ») d’un plan éloigné à un plan rapproché (« l’arbre »). Le poète n’a pas d’autres repères que ces trois éléments, le ciel, le toit, l’arbre.
2. Quels sont les sentiments qui animent le poète ? Justifiez votre réponse.
Le poète est dans un état d’âme qui exprime son malaise et sa détresse que les larmes traduisent.
Le malaise qui se cachait derrière le ciel si bleu et si calme (trop bleu, trop calme), la « plainte de l’oiseau » et l’immobilisme anormal du paysage trouve son dénouement dans les deux dernières strophes à travers trois thèmes liés, l’exclusion, le remords et les larmes. Ce poème est donc le regard lucide d’un homme conscient de sa faiblesse et qui confesse sans indulgence son état d’âme.
Les larmes excluent toute idée de révolte et d’action au profit d’une passivité complaisante.
3. Relevez les sonorités dominantes dans les deux premières strophes.
En quoi participent-elles à l’expression des sentiments du poète ?
Dans les deux premières strophes, le décor est réduit à quelques découpes symboliques ; la palme et le mouvement berceur qui s’y rattache font figures d’emblèmes. Des sonorités sont à l’image du balancement de cette feuille ; le mouvement d’amorti est par exemple accentué par l’effet de sourdine inhérent au [e] muet (calme, palme, tinte, plainte). Le rythme fluide est modulé par les allitérations en [s] qu’on peut mettre en rapport avec l’idée exprimée par le verbe « bercer » (la douceur) : « ciel », « si bleu », « si calme », « par-dessus », « berce ») et l’écho assourdi des sonorités nasales « an », « on », « in » (« qu’on », « doucement », « tinte », « chante », « plainte ») qui expriment la mélancolie et la tristesse.
4. Indiquez le nombre de syllabes dans les vers 1 et 2.
Quel effet de versification avez-vous entre les vers 5 et 6 ?
Le vers 1 est composé de 8 syllabes :
Le/ciel/est,/par/-des/sus/le/toit/
Le vers 2 en compte 4 :
Si/bleu,/si/calme !/
Effet de versification entre ces deux vers :
« Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte. »
Nous avons un enjambement entre ces deux vers.
5. Donnez la fonction de :
– bleu (vers 2) ;
– qu’on voit (vers 5).
bleu : attribut
qu’on voit : complément de l’antécédent « ciel »
TEXTE 4
(Les gardes sont sortis, précédés par le petit page. Créon et Antigone sont seuls l’un en face de l’autre.)
Créon
Avais-tu parlé de ton projet à quelqu’un ?
Antigone
Non.
Créon
As-tu rencontré quelqu’un sur ta route ?
Antigone
Non, personne.
Créon
Tu en es bien sûre ?
Antigone
Oui.
Créon
Alors, écoute : tu vas rentrer chez toi, dire que tu es malade, que tu n’es pas sortie depuis hier. Ta nourrice dira comme toi. Je ferai disparaître ces trois hommes.
Antigone
Pourquoi? Puisque vous savez bien que je recommencerai.
(Un silence. Ils se regardent.)
Créon
Pourquoi as-tu tenté d’enterrer ton frère ?
Antigone
Je le devais.
Créon
Je l’avais interdit.
Antigone, doucement
Je le devais tout de même. Ceux qu’on n’enterre pas errent éternellement sans jamais trouver de repos. Si mon frère vivant était rentre, harassé d’une longue chasse, je lui aurais enlevé ses chaussures, je lui aurais fait à manger, je lui aurais préparé son lit… Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse. Il rentre à la maison où mon père et ma mère, et Etéocle aussi, l’attendent. Il a droit au repos.
Jean Anouilh, Antigone, La Table ronde, 1946.
QUESTIONS
1) A quel genre appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide d’indices précis tirés du texte. (03 points)
2) A travers l’analyse des différentes interventions, faites ressortir les traits de caractère des deux personnages en présence dans cette scène. (04 points)
3) Qu’est-ce qui donne à cette scène son caractère tragique ? (04 points)
4) Identifiez les figures de style utilisées dans les phrases suivantes :
« Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse » ; « Je ferai disparaître ces trois hommes ».
(03 points)
6) Trouvez un synonyme à chacun des mots suivants : harassé, enterrer. (02 points)
7) Faites l’analyse logique de la phrase suivante :
« Vous savez bien que je recommencerai. » (04 points)
CORRIGÉ
1) A quel genre appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide d’indices précis tirés du texte.
Ce texte appartient au genre théâtral. Il y a les didascalies : « Les gardes sont sortis, précédés par le petit page. Créon et Antigone sont seuls l’un en face de l’autre », « Un silence. Ils se regardent », « doucement ».
Il y a aussi le dialogue et les répliques précédées par les noms des personnages, Créon et Antigone
2) A travers l’analyse des différentes interventions, faites ressortir les traits de caractère des deux personnages en présence dans cette scène.
Créon apparait comme un homme autoritaire (« Je l’avais interdit ») mais aussi comme un tyran sanguinaire (« Je ferai disparaître ces trois hommes »). Quant à Antigone, elle semble décidée et têtue ; malgré l’interdiction du roi d’enterrer Polynice sous peine de mort, elle a tenu à braver cette interdiction : « Pourquoi ? Puisque vous savez bien que je recommencerai », « Je le devais », « Je le devais tout de même ».
3) Qu’est-ce qui donne à cette scène son caractère tragique ?
L’allusion à la mort donne à cette scène un caractère tragique. Il faut aussi noter l’attitude de Créon au début du texte : ses questions incessantes témoignent de son inquiétude et montrent qu’il veut étouffer l’affaire, ce qui témoigne donc de la gravité de la situation.
4) Identifiez les figures de style utilisées dans les phrases suivantes :
« Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse » ; « Je ferai disparaître ces trois hommes ».
Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse : on peut penser à la métaphore ou à la litote
Je ferai disparaître ces trois hommes : euphémisme ou litote.
6) Trouvez un synonyme à chacun des mots suivants : « harassé », « enterrer ».
Harassé : exténué
Enterrer : inhumer
7) Faites l’analyse logique de la phrase suivante : « Vous savez bien que je recommencerai. »
Vous savez bien : proposition principale
Que je recommencerai : proposition subordonnée complétive – introduite par la conjonction de subordination « que » – complément d’objet direct de la principale.
Issa Laye Diaw
Donneur universel
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TEXTES – QUESTIONS – CORRIGÉS (Par Issa Laye Diaw)
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