Dissertation de culture générale rédigée par le Professeur Issa Laye Diaw 0+

DISSERTATION DE CULTURE GENERALE

SUJET. Un père présente à son enfant le jour de son anniversaire deux cadeaux devant lesquels celui-ci ne doit choisir qu’un : un livre de lecture ou un téléphone portable ; l’enfant choisit le téléphone. Qu’en pensez-vous ?

Depuis l’invention de l’imprimerie attribuée à Jean Gutenberg, les connaissances sont à la portée de tous ceux qui savent lire. Depuis lors également, les hommes n’ont jamais cessé de moderniser d’autres moyens de communication en inventant des outils technologiques de plus en plus perfectionnés tels que le téléphone. Malheureusement, le livre est en train d’être concurrencé par l’écran. On comprend donc pourquoi quand un père présente à son enfant le jour de son anniversaire deux cadeaux : un livre de lecture ou un téléphone portable, l’enfant choisit le téléphone. En d’autres termes, ce dernier a jeté son dévolu sur l’outil moderne au détriment de l’outil antique bien qu’encore d’usage. Quel est alors le bon choix à faire entre livre et téléphone ? C’est pour répondre à cette question que nous expliquerons d’abord cette ruée vers le téléphone. Puis nous justifierons l’importance du livre. Enfin, nous nous attacherons à démontrer comment cette rencontre entre écran et papier peut être bienheureuse.

Parmi les raisons qui poussent à comprendre le dévolu jeté sur le téléphone plutôt que le livre, il en existe deux plus principalement. La première trouve sa justification dans le rôle étymologique du terme qu’il joue : télé (à distance) et phone (son). En effet, cet ingénieux outil permet de se parler à distance et instantanément sans même se voir. La deuxième raison, c’est que cet outil est beaucoup plus ludique et celui à qui on a présenté les deux cadeaux dont il ne faut choisir qu’un n’est encore qu’un enfant, c’est-à-dire un jeune esprit qui adore l’amusement. La troisième raison est tout aussi non négligeable ; en effet, cette trouvaille multifonctionnelle connectée à Internet fournit des informations ou connaissances qu’on ne recevait que des livres, de la radio, de la télé… A titre illustratif, en temps réel comme à un temps révolu, tout y passe et s’y passe, des catastrophes sanitaires dans le passé aux évènements plus récents à l’image des obsèques et même la rétrospection biographique de la reine Elisabeth 2 nonagénaire à qui toute l’Angleterre rendait un ultime hommage, ou encore le départ des militaires français du Mali après la présence mitigée et tres controversée de l’opération Barkhane. On comprend donc les raisons pour lesquelles cet enfant a préféré le téléphone au livre : c’est parce que le premier (même pour les non-voyants et les malentendants) permet à la fois de correspondre, de se divertir et de s’informer avec apparemment beaucoup plus d’aisance que le second qui est malh de plus en plus relégué de nos jours au second plan.

Donc cet aspect plus moderne que renferme le téléphone représenterait la raison pour laquelle la plupart des jeunes se ruent vers l’écran plutôt que le papier. Néanmoins, cette raison est-elle suffisante pour rompre le lien qui continuera toujours de nous unir au livre ?

À cette question, nous osons répondre par la négative pour deux raisons. Premièrement, la patience et l’attention que nous impose le livre permet goutte à goutte de ne rien perdre de ce pourquoi on s’y échine. En voyage, ce que la marche est au livre est à peu près ce que l’automobile est à l’écran. Tout passe et à peine nous nous attardons sur le détail ô combien d’un décor, d’un brin de causette avec les personnages, d’une senteur d’arbres aux effluves que seule l’attention permet de percevoir. Trop animées, les images qui défilent à l’écran passent alors que les mots d’un livre s’incrustent littéralement et naturellement à notre conscience qu’il enrichit à chaque page tournée. Deuxièmement, ces mots dont nous parlons permettent d’une part de découvrir et de s’approprier le sens et l’usage des mots écrits d’une langue. D’autre part, ils sont si magiques qu’ils nous font voyager sans l’obligation physique de nous déplacer ; cette rencontre avec l’altérité géographique et culturelle, nous en avons la preuve par exemple dans Le Tour du monde en 80 jours ; la magie du style de Jules Verne donne au lecteur, ne serait-ce que par l’imagination, l’impression d’entreprendre à côté de Phileas Fogg et Passepartout le périple, toutes les difficultés à surmonter avec tous les états d’âme que le trajet implique. Apparemment, cet enfant qui choisit le téléphone à la place du livre ne sait pas encore que ce dernier en fait autant que le premier : le divertissement, la découverte et la connaissance.

Pourtant, en lieu et place d’une concurrence entre le papier et l’écran qui, apparemment et à quelques différences près, font la même chose, ne devrait-on pas les faire se rencontrer afin qu’une collusion (et non une collision) ne soit qu’heureuse au plus grand bonheur des utilisateurs des temps modernes ?

En effet, l’une des raisons de prendre cette posture réconciliatrice est une imminence ; le monde d’aujourd’hui est devenu « numérique ». En d’autres termes, ces connaissances qui n’étaient lisibles que dans des livres sont converties à foison en version moins encombrante et possibles d’être visionnées (vidéo) ou visualisées (audio et écrits) grâce à ces supports modernes d’écran tactile tels que le téléphone. Si on parle aujourd’hui d’audiothèque, de vidéothèque, c’est parce que celles-ci jouent le même rôle que les bibliothèques d’hier dont les livres sont exposés le plus souvent à l’usure du temps. L’autre raison pour laquelle on devrait cesser d’opposer livre et téléphone nous est fournie par des écrivains. Parmi eux, certains ont su tirer un bénéfice incommensurable de cette heureuse rencontre entre écran et écrit en s’adonnant à une adaptation cinématographique de leurs œuvres d’art. Par exemple, Ousmane Sembène doit une grande raison de sa popularité grâce à beaucoup de ses nouvelles et romans tels que Xala, La Noire de…, Le Mandat, Les Bouts-de-bois de Dieu,… adaptées à l’écran, même si ici le projet artistique est différent de celui pour lequel, au XXème siècle, ont été projetées des œuvres de Balzac, Hugo, Zola, etc. En somme, force est de constater que la numérisation et la cinématographie confortent l’avis selon lequel écran et écrit ont le besoin impérieux de s’allier jusqu’à ne plus former qu’un.

En définitive, comprendre le choix de cet enfant porté sur l’usage du téléphone plutôt que celui du livre, c’est accepter l’avis selon lequel le premier est plus ludique et mieux disposé à l’information et la communication. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour dénigrer le livre car si ce dernier est encore d’usage depuis sa découverte datant des siècles passés, c’est parce qu’il est un tabernacle inépuisable de découvertes de mots nouveaux et d’espaces lointains. Par conséquent, le mieux à faire est moins d’opposer l’écrit à l’écran que de chercher à les réunir pour un accès encore plus aisé aux connaissances dont l’humanité dépend pour conserver et redynamiser son passé : le numérique et la cinématographie forcent à adopter une telle posture. Justement, n’est-il pas de même entre littérature et science ? Faudrait-il les opposer ou chercher à voir quel apport offrent l’une et l’autre quand ces deux sœurs s’unissent ?

Issa Laye Diaw

Donneur universel

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