Il est, en effet, cet homme de l’équilibre et de la mesure, parmi ces rares et enviables « gens de l’isthme ». Tout est équilibre et mesure dans l’attitude d’al-Khalifa, ses actes, ses paroles ainsi que l’image qu’il dégage, comme l’a si bien explicité Cheikh Ahmed Tidiane Sy Maktoum (Khoutawâtuhû, Kalimâtuhû, Lahazâtuhu….).
Sa posture est finalement le symbole de ce trait d’union entre le temporel et le spirituel sans qu’aucun des deux ne déborde sur l’autre ni n’en phagocyte un seul pan. Son calme perturbant n’était pas celui du taciturne ou inaccessible tyran que les disciples n’osaient approcher, mais celui d’un homme simple dont le charisme (Hayba) rassurait plus qu’il n’apeurait.
Pour ceux qui l’ont approché, l’imposante présence de cette rigoureuse personnalité avait quelque chose de rassurant. Cheikh El hadji Mansour sy Malick aborde cet aspect de son illustre frère, disposé, accessible mais intransigeant lorsqu’il s’agit de défendre les principes : une attitude dictée par le legs qu’il tenait à préserver « Aqâma bi-azmihi wa sawâbi hukmin, Kawâlidihi fa-ahsabahâ mubînâ » disait de lui Cheikh El Hadji Mansour Sy, communément appelé « Bal Khawmî », l’homme à la poésie inimitable.
Un joyau, une perle rare comme la Tarîqa Tijâniyya ne pouvait se passer d’armure comme les Rimâh d’El Hadji Omar perpétuant les enseignant d’Abul Abbâs. L’héritage était tellement lourd et la valeur incommensurable que le garant, après Maodo, était armé de toutes les qualités qu’exigeait la charge.