Proposition de correction de la dissertation ENA 2025 – Cycle B
« La démocratie ne peut exister que chez un peuple de Dieu. » Que pensez-vous de cette assertion de Jean-Jacques Rousseau ?
Introduction
Jean-Jacques Rousseau, philosophe du XVIIIe siècle, affirme que la démocratie ne peut exister que chez un « peuple de Dieu », suggérant ainsi que la moralité et la vertu sont essentielles à l’instauration et au maintien d’un régime démocratique. Cette déclaration soulève une question fondamentale : la démocratie repose-t-elle sur une éthique religieuse et morale ou peut-elle s’épanouir indépendamment de toute croyance transcendante ? Nous analyserons d’abord le lien entre démocratie et valeurs morales avant d’examiner les limites de cette assertion à travers l’expérience historique et contemporaine.
I. Un fondement moral et éthique indispensable à la démocratie
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La démocratie et les valeurs morales
- Rousseau prône une société où la vertu et le bien commun priment sur les intérêts individuels.
- La démocratie nécessite une culture du respect, de la justice et de l’équité.
- Les principes religieux, dans certaines sociétés, ont pu jouer un rôle dans l’instauration de ces valeurs.
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L’influence des croyances sur la stabilité démocratique
- Des sociétés fortement ancrées dans des principes religieux ont parfois montré une plus grande cohésion sociale.
- Exemple de certaines démocraties anciennes où la religion servait de ciment moral (Athènes, certaines démocraties modernes influencées par des principes chrétiens).
II. Les limites de l’assertion : la démocratie comme un système autonome
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La démocratie laïque et pluraliste
- De nombreux États démocratiques modernes reposent sur la séparation entre religion et politique.
- La laïcité permet une coexistence pacifique entre différentes croyances et renforce les droits individuels.
- Exemple de la France et des États-Unis, où les principes démocratiques ne sont pas exclusivement liés à une foi religieuse.
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Les dérives possibles d’une démocratie fondée sur la religion
- Le risque de théocratie et d’exclusion de certaines catégories de citoyens.
- L’histoire montre que des États religieux peuvent devenir autoritaires au nom de dogmes sacrés.
- Exemple de certains régimes où la religion a été instrumentalisée pour restreindre les libertés démocratiques.
Conclusion
Si la morale et l’éthique sont indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie, elles ne doivent pas nécessairement être d’origine religieuse. L’expérience historique prouve que la démocratie peut se développer dans des sociétés laïques où les valeurs républicaines sont transmises indépendamment des croyances spirituelles. Ainsi, bien que Rousseau souligne l’importance de la vertu dans un régime démocratique, sa vision peut être nuancée à la lumière des démocraties modernes.